jeudi 25 février 2010

Le pont

- Je vais te raconter un truc. Tu vas peut-être me trouver extrémiste.

Un ami me raconte une de ses fréquentations qui s'est terminée comme elle avait perdurée : en dispute.

- Au bout du compte, j'ai coupé les ponts sans explications. Et j'ai même aucun regret.

En écoutant son histoire, je comprenais son point de vue. Il me semble parfois préférable, voire nécessaire, de simplement "tirer la plug sans en aviser son distributeur". Il faut savoir choisir ses batailles. Passe-t-on pour autant pour un vilain ?

mardi 23 février 2010

- J'ai travaillé pendant 25 ans dans l'armée americaine. Tu sais la règle du "Don't ask, don't tell" ? Je peux te dire que j'en ai vu des gays passer. Ça se sent ces choses-là. Même toi, si je te croisais sur la rue, je le saurais.

J'écoutais son discours en me demandant comment on pouvait avoir un tel préjugé. Le classique du mec qui porte attention à son apparence, celui qui n'est pas forcément adepte de la grosse Molson Ex tablette, celui qui sait démontrer une forme de douceur généralement attribuée aux femmes. On prétend pouvoir reconnaitre l'orientation d'une personne selon ses traits de caractère, son comportement. Et les hommes roses ?

- C'est comme l'autre gars de la télé, J.L., celui qui a adopté un chinois en tant que père monoparental.
- Ouin, y'est-tu gay finalement ?
- Ben me semble c'est clair ! Tu peux pas être plus rose nanane que ça !

Maintenant, non seulement on vous reconnait selon votre attitude, mais on vous catégorise selon une couleur.

- Me semble que y'a rose nanane, pis rose orangé.

Tiens, une nouvelle couleur.
J'ose pas imaginer dans quelle palette je peux tomber.

lundi 22 février 2010

- Salut !

Il m'aborde. Une fois de plus. Je le connais. Enfin, plus ou moins. Virtuellement pour avoir déjà échangé à l'occasion sur le site mentionné il y a quelques jours.

- T'as fait quoi ce weekend ?

Je lui raconte que je suis allé "essayer" un club récemment rénové.

- J'y étais aussi, je t'ai pas vu.

Normal. Moi, je t'y ai vu, mais si tu passes ton temps à venir m'aborder sur le web sans te souvenir à chaque fois qu'on se soit déjà parlés, il est fort possible que mon visage ne te dise rien dans un lieu public.

- J'ai pas accès à tes photos.

Tu les as déjà vues, on a déjà été des "amis" sur Facebook. D'ailleurs, tu as arrêté de me parler une fois que j'ai accepté ton invitation.

- :-(

Oh la...

dimanche 21 février 2010

Le Mirovingien > Nom de dieu de bordel de merde de saloperie de connard d'enculé de ta mère
The CitiZen > Oh wow, ca fait long à écrire su'u'n'eeeenvelop' !

vendredi 19 février 2010

- Tiens, le coloc d'une infirmière avec qui je travaille.

Amie me pousse une photo sur MSN.

- Tu peux même espionner son profil Facebook, il n'est pas bloqué !

Un fou dans une poche, évidemment que je clique sur le lien en question. En bout de ligne, ça fait officiellement de moi un voyeur. J'assume.

- Comment tu le trouves ?
- Beaux yeux, mais je suis pas certain qu'il soit mon genre. Me semble que ça sonne un peu fendant mon affaire, non ?

Après réflexion, je réalise que non. À "magasiner" sur le web, on en vient forcément à se baser sur des critères plus superficiels. Le look général sur les photos, l'enchaînement des mots, l'orthographe lorsqu'on a soi-même les moyens d'écrire convenablement.

- Mais non, chéri. Tout le monde ne peut pas te plaire. En même temps, quand j'ai vu le profil de mon mec la première fois, j'ai eu la même réaction. Regarde où on en est aujourd'hui.

En bout de ligne, ça rejoint une opinion que j'ai déjà émise à quelques reprises. À s'en tenir aux rencontres virtuelles et à faire prolonger le contact impersonnel, on en vient jamais à saisir l'essence même d'une personne. Mais faut-il nécessairement se lancer dans la rencontre de tous les gens avec qui on entre en contact, dans l'éventualité où celle-ci se révèlerait être l'origine d'un match gagnant ? Comment savoir si on est pas en train de passer à côté d'une belle opportunité ?

lundi 15 février 2010

Je me suis récemment réinscrit à un site de chat gay que j’avais quitté trois mois auparavant. Et un autre fois il y a deux ans de ça. Comme l’a décrit un ami, on peut comparer ce réseau à l’herpès : on a beau s’en sauver, ça revient toujours. Bref !

Intéressant de constater que plusieurs profils affichent sensiblement les mêmes critères de sélection. On veut un homme masculin, au physique agréable, avec des bonnes valeurs. Je me promenais d’une description à l’autre lorsque mes yeux ont croisé une description intrigante.

 

“Je cherche un homme, un vrai.”

 

Un vrai homme ?

A quoi juge-t-on qu’un homme en est un vrai ?

vendredi 12 février 2010

Soirée bien arrosée, cinq-à-sept au studio de photos. La foule est agréable, amalgame de différents genres.

Amie discute avec Sexy-Doc alors que celui-ci se fait aborder par un mec. Ils se connaissent, se serrent la main. Sexy-Doc lui présente Amie, qui lui offre son plus beau sourire et tend la main. Qu'elle se fait refuser, d'un dédain hautain.

Amie me propose de descendre à l'étage inférieur, afin d'assouvir son moindre vice. Elle s'asseoit, se tire une cigarette et jette le menton en direction du mec.

- Ce connard-là m'a fait de l'attitude tantôt quand Sexy-Doc me l'a présenté.
- Ah ouin ? Pour qui il se prend celui-là ?

Le mec en question nous aperçoit, remarque qu'Amie s'est allumée une cigarette et s'avance vers nous d'une démarche négligée. Sexy à son avis. Visiblement, les goûts sont discutables.

Sans un mot, Monsieur tente de s'emparer de la cigarette d'Amie, qu'elle retire rapidement du chemin.

- Come on, allume-moi.
- Désolée.
- T'as du feu dans ton sac, j'viens de te voir.
- Non. L'attitude, ça se joue à deux mon cher.
- Oh ? Et tu penses que tu vas me faire pleurer ?
- Pourquoi pas ?
- Qu'est-ce tu dirais d'une réponse comme "non" ?
- Ben, débrouille-toi.

Notre débile tourne les talons, à court de mots, mais ne laissant rien transparaitre. Son honneur risquerait d'être compromise.

Qui peut s'offrir pareille attitude ?

mercredi 10 février 2010

Il n'y a rien comme une visite en clinique pour faire prendre conscience de la fragilité de l'homme. À observer les différents visages portant chacun les traces d'un personnel passé, on vient à réfléchir sur son propre vécu.

Qu'est-ce que je fais, moi, pour prendre soin de ma vie ? Mon alimentation est-elle convenable ? Pourrais-je faire plus de sport ? Suis-je assez prudent lors de mes relations sexuelles avec des inconnus ? Et si on m'annonçait le pire aujourd'hui ?

A chaque visite, je me retrouve devant le même constat : ça fait peur. J'en viens à réaliser que la vie n'est pas si de béton lorsque j'apprends que des personnes que j'aime passent sous le bistouri, lorsque la grand-mère d'une amie entre à l'hôpital d'urgence.

Prendre une grande respiration et foncer vers l'inconnu avec la certitude de savourer pleinement chaque moment. Une visite en clinique ne devrait pourtant pas suffir à m'en convaincre.

mardi 9 février 2010

Certaines situations dans la vie nous emmènent à réfléchir sur notre prochaine réaction. Ou inaction. Alors qu'on pourrait se passer d'agir et attendre la suite des événements, certaines occasions requièrent un "input" immédiat de notre part afin de soit faire évoluer les choses, soit nous permettre de passer à autre chose. Ma plus belle qualité n'étant pas la patience et travaillant depuis déjà quelques temps à améliorer ma capacité à communiquer mes besoins, insatisfactions et autres machins du genre (ceux qu'on refoule généralement afin d'éviter de se compromettre ou blesser), j'ai pensé qu'il serait probablement préférable de mettre ses culottes et faire face à la musique. Nouvel an 2010, n'était-ce pas justement un de mes défis d'être davantage moi-même ?

Me vient quand même le questionnement suivant. À quoi reconnait-on une situation où il est préférable de ne rien faire et vivre la logique événementielle ? Est-ce que toutes les situations sont propices à ouvrir les portes de sa vulnérabilité ?

mercredi 3 février 2010

- J'ai lu tes dernières publications, ma foi ! Tu nous as laissé en appétit pendant des semaines, et là tu nous bourres solide !
- Faut croire que j'avais plein de questionnements.

Amie me lançait un air intrigué.

- Une collègue m'a dit que du moment où je ne me poserais plus de questions, je serais probablement mort.

Ça doit être ça la vie. Une série de questionnements.

Je suis tellement vivant !